J’ai déjà parlé des baisses de salaire ici.

Je le comprends comme une forme de solidarité si l’entreprise connait des difficultés économiques et que les emplois sont menacés. Même si chaque cas est particulier et plus ou moins justifié (IBM, Hertz, HP)

Mais là je trouve que le PDG de British Airways va trop loin. Willie Walsh, a invité tous les employés à faire comme lui, c’est à dire travailler gratuitement pendant un mois.

Selon la BBC, le groupe a lancé un appel par courrier électronique à plus de 30 000 salariés du Royaume Uni.

Willie Walsh a pris une décision, à titre personnel, responsable. Mais je trouve assez maladroit de faire passer le message d’exemplarité « faites comme moi », alors que chacun sait que l’impact n’est pas le même. Il est évident que la privation d’un mois de salaire pour le PDG n’a pas le même impact sur son mode de vie que pour les autres salariés, en revanche l’impact en terme d’économie réalisée est importante. Bref, son sentiment de contribution est plus important alors que son quotidien ne devrait pas en être perturbé…

C’est une proposition qui vient d’un PDG qui a perdu pied avec la réalité et a une approche purement financière.

D’abord, tout simplement, parce qu’il faut bien payer le loyer à la fin du mois, combien peuvent le faire sans salaire ?

Ensuite, parce que perdre son salaire, même temporairement, c’est perdre ses repères. Le salaire fait partie intégrante du travail, pas seulement d’un point de vue juridique. C’est une motivation, une reconnaissance, un parcours au sein d’une entreprise, un statut…Accepter cette proposition c’est changer de statut, c’est passer de « travailleur » à « volontaire », cela influe forcément sur le comportement.

Stratégiquement, je pense qu’il aurait mieux fallu demander une baisse de salaire sur plusieurs mois plutôt que de travailler gratuitement. Je pense pas qu’il y ait beaucoup de volontaires…

Enfin le titre choisit par Libération invite à réfléchir « British Airways invente le travail gratuit ». Notre système ne pousse t-il pas à des excès délirants ? Quel seront nos repères quand nous n’aurons plus rien à perdre ?

Imaginez le jour où l’on devra payer pour travailler…